Aria Crescendo, coach de platine

Aria Crescendo, coach de platine

Elle est de ces personnes vivant plusieurs vies en une. À peine trentenaire, Aria Crescendo est passée des planches du Crazy Horse à Los Angeles avec toujours le même fil rouge : le yoga.

 Contrairement à ce que son nom indique, le rythme ne va pas crescendo avec Aria. Celle qui est rodée au star-system et rompue à l’exercice de l’interview déroule tambour battant son parcours. Sans échauffement, on démarre sur ses débuts de danseuse au Crazy Horse à Paris pour finir dix minutes plus tard sur son nouveau club de yoga à Boulogne-Billancourt en passant par son groupe de pop musique à Los Angeles, le moment où elle a coaché les stars d’Hollywood, est sortie avec Joaquin Phoenix, a entraîné deux promos de la Star Ac, décidé de former des yogis… Ne s’arrêtant jamais, la jeune femme aux cheveux platine profite d’un entre-deux cours, au volant, sous la neige, dans les embouteillages parisiens, pour nous raconter comment elle se sent investie d’une mission. Voici l’étonnante histoire d’Aria Crescendo.

Old soul

Un tel parcours puise souvent ses origines dans l’enfance. « Depuis que j’ai cinq ans, on m’a toujours appelée Old soul », en français, « vieille âme », précise celle dont l’anglais n’est jamais loin. « Je ne sais pas comment le dire, mais les gens voulaient me suivre et faire comme moi, j’avais ce pouvoir. C’est comme si je les inspirais juste par mon énergie et mon envie de faire les choses », se rend compte Aria Crescendo. Alors, autant mettre cette aptitude à profit. Née d’un père transylvanien dont elle dit en souriant que c’est Dracula, elle vit dans le sud de la France depuis l’âge d’un an et le divorce de ses parents. Fille unique, Aria est choyée par sa mère. Sa « première fan » comme elle dit, l’inscrit à plein de cours, notamment de danse et de piano. « Elle a investi toute sa vie pour moi », reconnaît-elle. Pleine d’énergie, elle absorbe la charge. Douée, elle transforme l’essai à chaque fois. Dès l’âge de 15 ans, elle nourrit déjà un rêve, pas encore américain, mais parisien. Ennuyée par l’école, Aria sait qu’elle ne poursuivra pas de longues études. Elle arrive alors à Paris, seule. But affiché, « être sur scène et conquérir le monde ».

Son rêve démarre à l’âge de 17 ans quand elle est recrutée comme danseuse au Crazy Horse. C’est par hasard que l’établissement la mène au yoga et au showbiz. Peu de temps après, Aria Crescendo se retrouve en représentation à Las Vegas. « Le problème là-bas est que si tu n’as pas 21 ans, il n’y a pas grand-chose à faire. Mes copines sortaient, mais moi non, c’était la déprime et je mangeais du chocolat devant la TV… », se rappelle-t-elle. Un jour, des amis du Cirque du Soleil lui proposent de les accompagner à une séance de yoga. « À l’époque, le yoga était vu comme un truc de vieux et je pensais que j’allais m’ennuyer », pour ne pas dire autre chose. « Sauf que les Américains sont beaucoup plus évolués, et ça faisait cinquante ans qu’ils faisaient du yoga. Quand je suis arrivée, ils étaient tous sur la tête ou un bras ! Je me suis dit que c’était trop bien, et je suis tout de suite devenue accro au point de faire cinq heures de yoga par jour pendant deux mois ! », raconte celle qui forme les yogis à sa propre méthode aujourd’hui : le Yoga Warrior. « Quand je suis rentrée à Paris, franchement, je me sentais bien mieux. J’avais acquis en puissance corporelle et je réalisais des postures de fou », lâche Aria. Plutôt que d’en profiter individuellement, elle se place de suite dans une posture de transmission et cherche une école pour, d’abord, apprendre, puis un jour, enseigner. Son enthousiasme se heurte hélas assez vite aux « vieilles associations françaises de yoga ». Las, elle n’y trouve que des « vieux ». À des années-lumière de l’ambiance Vegas.

Will.i.am

« Mais comment est-ce que je vais faire ? », panique alors Aria, qui a l’impression d’avoir appris plus de choses en deux mois aux États-Unis que ce que dispensent les profs en France. Elle décide alors d’y aller crescendo et de commencer par le commencement : un diplôme en yoga Iyengar. « Comme en danse, il y a plusieurs styles donc on ne peut pas dire qu’on pratique le yoga sans préciser lequel », souligne la professionnelle. Elle trouve vite le sien. « Rester dix minutes dans une même posture, pour moi qui ai beaucoup d’énergie, c’est hyper emmerdant », lance-t-elle. Mais au moins, elle a un diplôme. La prochaine étape qu’elle se met en tête : faire connaître la discipline. Non pas que le yoga ne soit pas connu, mais Aria en fait son dada. Et le fait au culot. En 2006, elle toque carrément à la porte du « château » de la Star Academy. C’est Alexia Laroche-Joubert, la productrice, qui ouvre, et fait entrer Aria Crescendo dans son émission de téléréalité pour deux ans. Passer en prime time à la TV fait bondir sa notoriété. « Cela m’a permis de faire la promo du yoga », sourit-elle, contente que ses interventions soient appréciées. « Les audiences t’adorent », lui dit la patronne d’Endemol, qui lui propose même un show à son nom, une sorte de « minute beauté » qui serait diffusée en pastille avant le 20 h. Mais le destin avait vu plus grand. « Au même moment, alors qu’on commençait à préparer le concept, je reçois une proposition de Los Angeles ! On me proposait de monter un groupe du style des Pussycat Dolls ! Chanter et danser, c’est mon premier métier, alors j’ai dit tant pis à TF1 et à mon projet de salle de yoga. Car là on parlait quand même d’aller bosser avec Will.i.am, je n’allais pas dire non », résume Aria. Là-bas, elle tourne avec les Paradisio Girls. « Ce n’est pas arrivé jusqu’en France, mais aux États-Unis et au Canada c’est hyper connu, on fait des millions de vues sur YouTube », justifie-t-elle. Le titre Patron Tequila, en featuring avec la star du rap Lil Jon, est vu quelque 19 millions de fois.

Là-bas, elle s’installe à Beverly Hills, signe chez Interscope, le label, comme prévu, de Will.i.am… Mais quand le groupe se splite et qu’Aria cherche à produire un album solo, le réveil approche. Elle revend sa maison et se raccroche au yoga. « Dans le milieu artistique, les gens t’adorent un jour et le lendemain, tu n’es plus personne, c’est super difficile. Si je n’avais pas eu le yoga, je serais devenue dépressive et je me serais peut-être droguée », raconte-t-elle, sans perdre sa bonne humeur. « C’est pour ça que je pense que tout le monde doit faire du yoga, car des mésaventures, il en arrive à tout le monde, et le yoga est un excellent fil conducteur », explique-t-elle. Dans son cas, il est même un peu plus. Toujours décomplexée et désormais dotée d’un carnet d’adresses, la compagne de l’acteur Joaquin Phoenix appelle ses « potes » et leur dit : « Vous n’avez pas le choix, je suis votre prof de yoga ! » C’est ainsi qu’elle devient la coach de l’acteur Jared Leto, du mannequin Karlie Kloss ou bien d’Ashton Kutcher, qu’elle prépare juste avant son interprétation de Steve Jobs dans le biopic du fondateur d’Apple.

De cette expérience inédite sous le soleil de la côte ouest, Aria Crescendo retire son compagnon, Gus, artiste acrobate au Cirque du Soleil, compétiteur de haut niveau en judo. Voilà un an que le couple est retourné en France avec un projet dans les cartons : fonder leur propre club de yoga. Alors que ce projet serait l’entreprise d’une vie pour d’autres, – bien qu’elle ne soit pas seule – Aria Crescendo poursuit de front sa vie de scène, chez Warner, tournant avec sa meilleure amie, Sh’ym, et partageant ses vacances avec l’autre chanteuse, Tal. Tout cela, entre deux livres (The healthy book, en 2006, et Le Yoga de ma vie, en 2016), un album solo et deux voyages à l’île Maurice et en Australie avec L’Oréal. « J’ai zéro patience », conclut avec justesse la trentenaire qui continue d’entraîner des stars… Sonia Rolland, Matt Pokora. Après la Star Ac, voilà sa deuxième façon de répandre sa pratique. « Si Matt fait du yoga, alors sa fanbase finira par le savoir et comme il a beaucoup de fans, cela fera connaître le yoga auprès de tous ces gens et peut-être qu’ils en feront. » Une vraie campagne d’influence. De son côté, elle échange quotidiennement avec ses plus de 68 000 fans sur Instagram. Pour elle, ce n’est pas un boulet au pied, mais au contraire, une source de motivation lorsque 2 000 personnes aiment ses photos.

Yes I can

Après un an d’exploitation seulement, le studio Healthy Warriors de Boulogne-Billancourt compte déjà 3 000 inscrits. Plutôt un chiffre de grand club de fitness que de petit studio. À 59 euros la semaine en illimité, tous les cours (40 personnes) sont pleins, mais tout le monde ne peut pas se faire suivre par la coach des stars : Aria Crescendo n’y donne que cinq séances par semaine. Dès qu’elle le peut, elle sort de France et part enseigner à l’étranger. « Les gens sont plus forts et on s’éclate plus, car on aime bien les gens forts, lâche-t-elle, et c’est plus intéressant de ne pas rester tout le temps à Boulogne. » La satisfaction d’avoir créé une telle communauté en France est quand même grande. « Le yoga permet de fédérer des gens qui prennent soin d’eux et ne recherchent pas simplement l’apparence », décrit-elle. Même si elle s’autorise à sortir des sentiers battus comme lors de cette soirée « en pleine conscience » organisée par la boîte de nuit Wanderlust, où elle coanime une séance avec Anne Vandewalle et DJ Johann Fanger. Son secret pour attirer les foules est de « tout faire avec passion, sans suivre les modes ». C’est un hasard si aujourd’hui, elle vit d’une discipline devenue à la mode. Bien que l’on puisse se demander laquelle est la conséquence de l’autre, à l’image de l’œuf et de la poule. « On ne peut pas faire semblant. Il faut faire ce que ton cœur te dit de faire et à partir du moment où tu y crois, alors cela marchera, mais pas si c’est fake (faux) », précise celle qui est heureuse d’entendre des clients lui dire qu’ils se sentent mieux grâce à elle. Utiliser son influence pour « que la vie des gens soit meilleure », voilà le mantra d’Aria. Forcément, quand elle voit ces stars « qui ont le pouvoir d’inspirer les gens, mais font de la merde en se droguant », ça la « rend dingue », s’emporte la star.

Dans le club de Boulogne, la méthode se veut assez intensive pour perdre du poids si l’on pratique assez assidûment. Mue par le mantra « américain » du « Yes I can » emprunté au passage à Barack Obama. Chez Healthy Warriors, on prend soin de sa santé, mais on est aussi guerrier. « Il n’y a pas le choix, quand on voit une posture dure, on est obligé de l’essayer, et souvent on réussit sans s’en rendre compte. On se retrouve sur la tête et on se dit merde, je ne savais pas que je pouvais faire ça ! », s’amuse Aria. Pour attirer des clients, il y a eu la notoriété. Mais une fois sur place, elle sait que ça ne suffit pas. Et si elle-même excelle, ce n’est pas non plus suffisant. « Ce n’est pas parce qu’on est un bon praticien qu’on est un bon prof », rappelle-t-elle. « Alors moi, écoute, j’ai ça ! Je me rends compte que j’explique bien, pourtant je n’ai pas de patience, mais je suis perfectionniste, donc quand quelqu’un se place mal, je le replace et il comprend. Du coup, je veux que tout le monde fasse bien », indique la professionnelle. Elle sait que « beaucoup de profs ne corrigent pas ». Sur le niveau du yoga en France, Aria Crescendo n’est pas tendre… : « J’en ai marre de ces avocates de 40 ans qui, tout d’un coup, veulent changer de métier. Alors elles ont vu cette pub dans le métro et imaginent qu’elles deviendraient bien prof de yoga. Là, elles partent deux semaines en Inde dans l’un de ces stages où elles se font cueillir par des gens qui n’attendent que de prendre 4 000 euros à ces cons de Français qu’ils voient arriver. De retour, elles trouvent vite un studio, car il s’en crée vingt par quartier. Le monde afflue, car le yoga est à la mode. Rapidement, les gens se blessent, se déçoivent, partent, et ne veulent plus entendre parler de yoga. Tout ça, car ces dames n’ont rien compris à l’anatomie, ne savent pas enseigner. C’est une catastrophe. »

Face à ces studios « qui poussent comme des champignons », Aria Crescendo dit se battre. Son levier : former de bons profs de yoga. « Je repère des gens talentueux. Là, j’ai une danseuse de l’Opéra de Paris et une ancienne danseuse du Crazy. Ils ont une super conscience de leur corps. » Aria les forme à sa méthode. Puis elle les envoie dans Paris.


Instagram @aria.official @yogawithgus   •   Site Web ariusyoga.com/

Aria sera présente au salon Body Fitness Paris et dispensera un cours ouvert à tous le vendredi 16 mars de 14h50 à 15h35,

Découvrez aussi son dernier livre : Aria, the healthy book, yoga, superfood et herbes magiques, aux éditions Solar.

Un article rédigé par :
Thomas Pontiroli

Journaliste