La question de la nutrition est aujourd’hui au coeur de l’accompagnement sportif.
De plus en plus de coachs sont sollicités par leurs clients pour obtenir des conseils alimentaires, souvent à la recherche de résultats rapides ou de repères simples.
Cependant, ce domaine reste encadré par la loi, et il est essentiel de connaître les limites de son champ de compétence pour exercer de manière professionnelle, sécurisée et crédible.
Faisons le point, calmement, entre professionnels.
- Ce que dit la loi
En France, tout ce qui touche à la nutrition est partiellement réglementé.
Et il existe trois niveaux de compétences bien distincts :
– Le diététicien : c’est le seul professionnel autorisé à réaliser des bilans nutritionnels complets et à prescrire des régimes. Il détient un diplôme d’État (BTS Diététique).
Seuls le BTS Diététique et le DUT Biologie appliquée, option Diététique permettent d’obtenir le titre officiel de Diététicien.
– Le médecin nutritionniste : c’est un médecin formé à la nutrition. Il peut aller beaucoup plus loin, notamment sur les aspects pathologiques, les analyses ou les traitements.
– Le coach sportif ou coach bien-être : il peut accompagner, éduquer, sensibiliser, mais pas prescrire.
En résumé, vous pouvez parler d’alimentation, mais vous ne pouvez pas endosser le rôle de professionnel de santé.
Si votre client présente un diabète, une maladie rénale, des troubles digestifs, des troubles du comportement alimentaire, ou toute autre pathologie, vous devez l’orienter vers un professionnel de santé qualifié.
C’est la démarche la plus professionnelle, et elle montre votre sérieux et le respect de vos compétences.
- Ce que vous pouvez faire sans problème
Il n’est pas nécessaire d’avoir un BTS Diététique pour transmettre du bon sens nutritionnel à vos coachings.
Voici ce que la loi — et le bon sens — vous autorisent à faire :
Donner des conseils de base : évoquer les principes d’équilibre alimentaire, la qualité des produits, la consommation de fruits et légumes, l’hydratation ou encore le rythme des repas.
Aider à comprendre les habitudes : inviter votre client à observer ses comportements alimentaires, ses sensations, sa régularité, et identifier les points d’amélioration possibles.
Proposer des idées, pas des ordonnances : partager des exemples de repas équilibrés, des recettes simples, des pistes d’amélioration, à condition qu’elles restent éducatives.
Faire de la pédagogie : organiser des ateliers de sensibilisation sur les macronutriments, l’hydratation ou le sommeil.
Travailler en équipe : collaborer avec un(e) diététicien(ne) permet d’offrir à vos clients un accompagnement complet et sécurisé.
- Ce que vous ne devez surtout pas faire
Certaines pratiques peuvent vous exposer à des risques légaux ou entacher votre crédibilité.
Les régimes “sur mesure” : établir un plan à 1500 kcal avec 120 g de protéines relève strictement du travail d’un diététicien. Vous pouvez expliquer le principe d’un déficit calorique, mais pas déterminer précisément les apports de votre client.
Les prescriptions alimentaires détaillées : vous ne pouvez pas indiquer explicitement à votre client quels aliments il doit consommer. Pourquoi ? Parce que vous ne maîtrisez pas ses intolérances, allergies ou pathologies éventuelles.
Établir un plan alimentaire détaillé ne relève pas du champ de compétence du coach sportif. Votre rôle est d’éduquer, pas de prescrire.
Exemple concret : Une cliente suivie par un coach avait reçu un plan alimentaire à 1 200 kcal par jour pour “accélérer sa perte de poids”.
Au bout de quelques semaines, elle a commencé à ressentir une grande fatigue, une perte de libido et des troubles du cycle menstruel.
Son corps s’était simplement mis en alerte face à un régime trop restrictif et déséquilibré.
Une fois une alimentation plus variée et adaptée réintroduite, tout est rentré dans l’ordre.
Les discours médicaux : il est interdit de poser un diagnostic médical. Même bien intentionnée, une telle démarche peut être dangereuse.
Exemple concret : Une coach avait conseillé à l’une de ses clientes de consommer du son d’avoine pour soulager une supposée constipation.
Problème : la cliente souffrait en réalité d’un syndrome du côlon irritable.
Résultat : elle a fini aux urgences pour une occlusion intestinale.
Cet exemple montre qu’un conseil apparemment anodin peut devenir risqué lorsqu’il sort du cadre de compétence du coach.
Les promesses miraculeuses : promettre de perdre 5 kg en 10 jours est non seulement irréaliste mais aussi dangereux pour votre crédibilité.
Exemple concret : Une cliente avait suivi un “programme minceur” associant régime hypocalorique et compléments brûle-graisses proposés par une coach.
Quelques mois plus tard, elle souffrait d’une inflammation articulaire sévère diagnostiquée comme une polyarthrite rhumatoïde.
Ses menstruations avaient disparu pendant plus d’un an.
Après l’arrêt complet des produits et le retour à une alimentation naturelle et équilibrée, son état s’est progressivement rétabli, et les traitements ont pu être stoppés.
- Comment être rigoureux et crédible
Ce qu’un coach peut faire et ce qu’il doit éviter
Parler d’équilibre alimentaire Faire un plan alimentaire personnalisé
Expliquer les bases des macronutriments Prescrire un régime
Donner des idées de repas Parler de pathologies
Éduquer, informer, motiver Promettre des résultats rapides
Collaborer avec un diététicien Se positionner comme expert médical
Pour renforcer votre posture professionnelle :
– Mentionnez toujours : “Ces conseils ne remplacent pas un avis médical.”
– Assurez-vous de disposer d’une assurance professionnelle adaptée.
– Continuez à vous former (nutrition du sportif, micronutrition, comportement alimentaire, etc.).
– Et restez avant tout dans l’éducation, la prévention et l’accompagnement, jamais dans la prescription.
- En résumé
Vous n’avez pas besoin d’un diplôme de diététique pour :
– aider vos clients à mieux comprendre leur corps,
– les aider à structurer leurs repas intelligemment,
– et les accompagner vers un mode de vie cohérent.
Mais il est essentiel de connaître les limites de votre domaine. Un coach compétent n’essaie pas de jouer au nutritionniste :
il reste dans son champ d’expertise et le maîtrise avec excellence. Le coaching moderne repose sur une approche globale : entraînement, récupération, nutrition, hygiène de vie.
Mais pour que tout cela fonctionne, il est indispensable de collaborer avec d’autres professionnels. Faites ce que vous savez faire de mieux : coacher, guider, inspirer, éduquer.
Et laissez les pathologies et les régimes thérapeutiques aux professionnels de santé qualifiés.
Jérôme Denis
Coach & Diététicien – Organic Health
