J’écoute les coachs, les jeunes, les anciens, et cela depuis des années. J’écoute aussi mes propres vidéos et multiples interventions. Sans aucun doute, les mots ont leurs importances pourtant ils sont souvent galvaudés et réducteurs. Certains termes sont la panacée des pédagogues du monde sportif et du fitness. Vous pouvez les entendre à foison. Ils ne sont pas précis. Les consignes sont un bon exemple de l’usage des mots. Qu’appelle-t-on « consignes » ? comment choisir les termes utilisés? Comment les formuler ? C’est le sujet de cet article.
Des termes peu précis :
Les coachs peuvent-ils faire l’impasse sur la précision et le choix des mots ? Tout dépend de leurs objectifs. Si les coachs attendent de la précision des mouvements ils ne pourront pas laisser de côté la sémantique. Plus le geste est précis plus sa description doit être fine. C’est ainsi que naît la consigne ! La description du mouvement dit ce que l’individu doit faire mais ne dit pas comment il va arriver à le faire, or la consigne l’aide à trouver le « comment ».
Exemple : debout, pieds serrés, faire un pas en avant en fléchissant les deux genoux puis revenir à la position de départ. Ceci est une description simple.
Debout en gardant le buste droit, le regard loin devant, les pieds sont ancrés dans le sol, les jambes sont tendues, le mur abdominal est tonique. Faire un pas en avant en posant le talon puis le pied à plat au sol et en décollant le pied arrière. Fléchir les deux genoux à angle droit. Puis avec une poussée de la jambe avant revenir à la position de départ. Ceci est encore une description mais beaucoup plus précise.
La consigne va permettre de préciser les points importants qui vont permettre de valider le mouvement, de voir qu’il est bien réalisé. Le terme critère de réalisation est aussi utiliser lors de test ou d’examen.
La consigne devient : le buste reste à la verticale tout le long du mouvement. Dans la position avec le pas en avant le genou de la jambe avant reste à l’appui vertical de la cheville. Les deux pieds sont alignés aux hanches dans le plan sagittal.
Le critère de réussite pourrait être : si le genou du pied avant passe en avant de la pointe de pied, le mouvement n’est pas compté. Par exemple.
Or dans cet exercice, vous pouvez déjà penser que plusieurs consignes et plusieurs critères de réussite sont envisageables (voir l’article sur la fente, mouvement universel) suivant le niveau du pratiquant et suivant l’objectif.
Encore une fois avant de faire un exercice, pensez à POUR QUI et POURQUOI.
Ce qui nous amène au second point :
Serait-il venu le temps de la normalisation ou de l’individualisation ?
Il existe depuis plus de 25 ans maintenant des cours normalisés ou les coachs peuvent apprendre les consignes par cœur. Elles ont été choisies pour être simples et efficaces pour le plus grand nombre. Là ou les coachs faisaient l’impasse de travailler, LES MILLS a construit tout une procédure qui imposait aux coachs des conduites de cours beaucoup plus précises.
Les coachs individuels doivent s’inspirer de cette leçon. Ils ne peuvent pas faire l’économie de travailler sur la précision du mouvement et ainsi sur le choix des mots !
Répétitions et formulation
A l’opposé de la normalisation et de la procédure, les coachs individuels (Entraîneur Personnel ou Personal Trainer en anglais) doivent développer des communications différenciées.
Pourquoi ?
Il est commun de dire qu’ « enseigner c’est répéter », mais ce n’est pas une simple répétition tel une vidéo que l’on remettrait en arrière parce qu’on n’a pas bien entendu les mots ou pas bien compris. Non ! Enseigner c’est redire la même chose d’une autre façon. C’est ce que l’on appelle la reformulation. Une explication non comprise l’est par ce que les mots choisis ne sont pas connus ou la structure de la phrase ne permet pas au pratiquant de comprendre ce que le coach veut lui faire comprendre. Combien de fois avez-vous entendu ou même avez-vous répétez la même consigne plusieurs fois sans effet. Je serai tenté de dire bêtement !! Il ne suffit de répéter la même chose avec plus de conviction pour que la chose soit plus claire !! Il ne faut pas confondre les consignes avec les encouragements !!
Construire son propre référentiel
Le coach doit donc apprendre à parler de différentes manières à reformuler ses consignes. Or ce travail est bien un travail et pas une compétence innée. Comment ouvrir son champ de termes, de formulation. Actuellement de nombreux moyens sont à la disposition de chacun d’entre vous : lire des articles écrit par différents auteurs, lire des livres (ne pas se contenter des photos !) de différents auteurs, écouter des vidéos de plusieurs coachs et de plusieurs styles de cours et vous construirez votre propre référentiel riche de différentes formulations. Pour décrire, pour donner des consignes, construisez vos phrases, vos indications, choisissez un panel de verbes d’actions, écrivez les pour les mémoriser lorsqu’ils sont nouveaux pour vous.
Comprendre ce que l’on dit,
Explorez le sens des mots. Rajoutez à votre vocabulaire des mots que vous n’utilisez pas ou que vous ne connaissez pas. Cherchez leurs sens afin de mieux cerner leur subtilité pour pouvoir répondre au niveau de compréhension de vos clients.
Prenez conscience que vos clients sont sûrement plus cultivés que vous !
Ne négligez pas le fait que les clients du personal training sont des clients qui ont des moyens financiers. Ils ont donc un accès facilité à la culture et peut-être un niveau culturel supérieur au vôtre. Il est de bon ton d’élever votre niveau afin de ne pas rester dans cette image désastreuse du coach « benêt » dont les consignes s’arrêtent à « pousse » « tire », « allez, on y va ».
Le nombre de mots que vous utilisez vous classent socialement de manière inconsciente. Il est donc temps d’en prendre conscience et de travailler pour élargir votre champ de connaissances et ainsi d’améliorer votre champ de compétence.
Bonne lecture !
