Les ondes de choc sont très utilisées aujourd’hui, notamment en cas de tendinite.
En effet, la tendance actuelle est à la diminution de prise de médicaments généraux (anti-inflammatoires non stéroïdiens, antalgiques par voie orale), car ils répondent de manière incomplète aux symptômes liés à la tendinite (la composante inflammatoire d’une tendinite est souvent limitée) et s’accompagnent souvent d’effets secondaires (troubles digestifs). De plus, ils n’ont pas d’action mécanique locale sur les tissus en souffrance. Les ondes de choc répondent plus facilement à ces problématiques. Elles sont généralement utilisées par les masseurs-kinésithérapeutes, sur prescription médicale, afin d’améliorer les résultats de leur traitement. Nous allons voir en détail le fonctionnement de cette thérapeutique et quand y recourir.
Anatomie du tendon
Le tendon permet la jonction entre le muscle et l’os, il transmet la force de contraction du muscle afin de mobiliser une articulation. Il est composé de tissu conjonctif, beaucoup moins souple que le corps musculaire, mais plus élastique que le ligament. Malgré une sollicitation permanente, il est mal vascularisé, ce qui entraîne souvent des pathologies à type de tendinite.
Le tendon est fortement sollicité lors d’un travail excentrique ou pliométrique (explosif) de type réception de saut ou départ de sprint. Ce type d’exercice soumet le tendon à des contraintes de plusieurs centaines de kilogrammes, il se retrouve écartelé entre le muscle et l’os. La répétition de ces exercices peut engendrer des micro-déchirures dans le tendon. Le corps étant programmé pour se soigner, des zones cicatricielles vont apparaître, mais elles ne seront pas aussi élastiques que le tissu d’origine. Souvent, ces mauvaises cicatrices ne sont pas alignées dans l’axe des fibres du tendon et provoquent des zones dures et douloureuses à chaque sollicitation du muscle.
Les différents types d’ondes de choc
Le terme « onde de choc » est apparu en médecine dans les années 1980 afin de traiter les calculs rénaux à l’origine de coliques néphrétiques. L’onde créée par la machine permet de casser le calcul, qui s’évacue ensuite facilement par les voies urinaires. Par extension, les thérapeutes ont ensuite utilisé ce principe pour les tendinites calcifiées et aujourd’hui les tendinites non calcifiées voire certaines blessures du corps musculaire (contractures, micro-déchirures).
Il existe deux types d’ondes de choc : les ondes de choc radiales et focales.
Les ondes de choc focales (RSWT ou Radial Shock Wave Therapy) sont des ondes acoustiques de très haute énergie. Lorsque l’air propulsé à grande vitesse arrive sur la peau, cela crée une pression dont la profondeur peut atteindre 10-11 centimètres. Le son produit lors de l’onde de choc focale suit le même principe que lorsque l’avion franchit le mur du son. En effet, l’onde produite par l’avion est tellement puissante qu’elle est audible à l’oreille.
Les ondes de choc radiales (ESWT ou Extracoporeal Shock Wave Therapy) sont des ondes mécaniques produites par un système à air comprimé propulsant une petite bille métallique qui martèle la peau sur le principe d’un marteau-piqueur. Elles ont une pression moins importante donc la profondeur de pénétration dans les tissus n’excède pas 5 centimètres. C’est ce système qui est, en général, utilisé par les masseurs-kinésithérapeutes.
Le mode d’action des ondes de choc
- Elles ont un effet antalgique: les chocs répétés sont à l’origine d’une libération de substances antalgiques localement, entraînant une sorte d’engourdissement dans les heures qui suivent la séance
- Elles provoquent une hypervascularisation permettant d’améliorer le métabolisme local (meilleure évacuation des déchets et un meilleur apport de nutriment) et des études chez l’animal ont prouvé la libération d’un facteur de croissance vasculaire (VEGF : vascular endothelial growth factor) qui permettrait la création d’un nouveau réseau de micro-vaisseaux autour du tendon
- Elles ont une action défibrosante: en cassant les fibroses dues aux mauvaises cicatrices, de nouvelles lésions microscopiques sont créées qui sont susceptibles de mieux cicatriser ensuite
Il est d’usage de proposer 4 à 6 séances (au maximum 10) et chaque séance dure 5 à 10 minutes. Il faut laisser du temps au tendon pour se réparer entre deux séances donc elles sont en général à la fréquence de 1 à 2 par semaine.
Les résultats ne sont pas visibles immédiatement. En effet, il faut attendre le délai de cicatrisation des tissus mous qui est de 6 semaines avant de pouvoir juger si les résultats sont positifs ou non.
Effets secondaires
Le patient ressent une douleur immédiatement pendant la séance, c’est normal, mais elle doit rester tolérable. Parfois, une rougeur et un œdème locaux apparaissent, et une ecchymose peut être visible sous la peau (cela montre que la lésion a saigné et que le sang est en train d’être évacué).
Indications
- Tendinite d’Achille
- Aponévrosite plantaire et épine calcanéenne
- Tendinite rotulienne
- Tendinite de la coiffe des rotateurs
- Épicondylite latérale (tennis-elbow) et médiale (golf-elbow)
- Séquelles de lésions musculaires
Contre-indications
- Traitements anti-coagulants et trouble de la coagulation : il y a des risques de saignement important
- Patient présentant un syndrome douloureux régional complexe (type algoneurodystrophie en phase inflammatoire)
- Infection locale ou tumeur
- Plaie sur la zone à traiter
- Enfant : car l’os en croissance peut mal réagir
- Grossesse
- Les régions pulmonaires et cardiaques, les gros vaisseaux
- Les bursites et les ténosynovites (inflammation de la gaine du tendon) sont des non-indications à un traitement par ondes de choc
Conseils
Les ondes de choc créent des micro-lésions dans le tendon, il est donc primordial de favoriser la formation d’une belle cicatrice souple et parallèle aux fibres du tendon. Le mouvement est donc requis. Il faut mobiliser le tendon, l’étirer légèrement et le solliciter. Les exercices explosifs sont à proscrire dans un premier temps, car ce sont eux qui soumettent le plus de contraintes au tendon. Cependant, le vélo ou la natation (sans plongeon ou virage en culbute) permettent de travailler les tendons en limitant les contraintes. Si la tendinite est au membre inférieur, la course à pied sera à reprendre en douceur suivant les instructions du thérapeute. Et dans tous les cas, le sport ou le geste technique à l’origine de la blessure ne seront à réintroduire qu’à la fin du traitement général et en l’absence de douleurs. Et surtout en progression !
Bibliographie :
- « Congrès “Sport et Appareil locomoteur”, Paris, 28 janvier 2005 – Les ondes de choc », Hervé de Labareyre, clinique des Lilas, 49 av. du Mal Juin, 93260 Les Lilas, G. SAILLANT, service de Chirurgie orthopédique et traumatologique, GH Pitié-Salpêtrière, 75013 PARIS.
- « Les ondes de choc extracorporelles », IRBMS, Dr Valérie WIECZOREK, novembre 2011.