Pour répondre à cette question, jetons un œil à quelques performances dans des disciplines sportives variées :
- Course à pied : 100 mètres
- Record masculin : 9,58 s (Usain Bolt, 2009).
- Record féminin : 10,49 s (Florence Griffith-Joyner, 1988).
- Écart : ~9,5%.
- Marathon
- Record masculin : 2 h 00 min 35 s (Eliud Kipchoge, 2022).
- Record féminin : 2 h 11 min 53 s (Tigist Assefa, 2023).
- Écart : ~9,3%.
- Natation : 100 mètres nage libre
- Record masculin : 46,86 s (César Cielo, 2009).
- Record féminin : 51,71 s (Sarah Sjöström, 2017).
- Écart : ~10,3%.
- Haltérophilie : Épaulé-jeté dans la catégorie 81 kg
- Record masculin : 230 kg (Li Dayin, 2023).
- Record féminin : 159 kg (Liao Qiuyun, 2021).
- Écart : ~10%.
- Saut en longueur
- Record masculin : 8,95 m (Mike Powell, 1991).
- Record féminin : 7,52 m (Galina Chistyakova, 1988).
- Écart : ~10,5%.
10 à 12%. C’est l’écart moyen entre les performances masculines et féminines.
Ce chiffre varie selon le type de discipline, allant de 0 (dans certains cas que nous détaillerons plus bas) à 30% (pour les disciplines de force pure par exemple).
Mais qu’est ce qui explique ces écarts de performance ? Les athlètes féminines vont elles un jour « rattraper » les performances masculines ?
Plusieurs facteurs expliquent ces différences :
- Facteurs biologiques :
Les différences biologiques, et plus particulièrement hormonales, sont l’un des principaux facteurs qui expliquent les écarts de performance entre les hommes et les femmes.
- Système endocrinien :
Les hommes ont des niveaux plus élevés de testostérone, ce qui favorise la croissance musculaire et la performance en termes de puissance, de force et de vitesse.
Les hormones sexuelles féminines sont les oestrogènes et la progestérone, bien que les femmes produisent un peu de testostérone (10 fois moins qu’un homme). Leur production varie en fonction du cycle menstruel. Les oestrogènes sont plutôt anabolique et favorable à la performance, la progestérone plutôt catabolique.
Les oestrogènes, couplées à une hormone nommée « relaxine », augmentent la souplesse articulaire chez la femme.
La femme est donc moins « forte » et plus souple qu’un homme à niveau d’entraînement équivalent.
- Masse musculaire et métabolisme :
En moyenne, les hommes ont une masse musculaire plus importante grâce à la testostérone comme nous venons de l’expliquer. Cette différence leur confère un avantage dans des sports où la force brute est essentielle, comme l’haltérophilie, le football américain ou le rugby.
Les femmes ont plus de fibre de type I, ce qui est un avantage en terme d’endurance musculaire : les fibres musculaires étant plus vascularisées, elles sont moins sensibles au stress métabolique (moins d’acidose et d’ischémie notamment). Les femmes sont également plus « oxydatives » : leur métabolisme utilisera davantage de lipides à même pourcentage de VO2max, ce qui pourrait aider sur des efforts d’ultra endurance (grâce à une meilleure conservation des stocks de glycogène).
- Composition corporelle :
Hommes et femmes n’ont pas la même composition corporelle. La masse grasse d’une femme doit se situer entre 12% et 30%, celle des hommes entre 5% et 20%. Et celle-ci n’est pas distribuée de la même manière : les femmes stockent moins sur le ventre et davantage dans les membres inférieurs, grâce aux oestrogènes (ce qui, avantage non négligeable, diminue fortement le risque de maladie cardiovasculaire).
Cette composition corporelle (plus de gras, moins de muscle) n’est généralement pas un avantage dans la plupart des disciplines sportives, sauf pour des épreuves de nage en eaux vives (la graisse protège du froid, et permet une meilleure flottaison que la masse musculaire qui est plus dense), ou d’ultra-endurance (plus de réserves d’énergies disponibles).
- Capacité cardiovasculaire et respiratoire :
Les hommes ont tendance à avoir un cœur plus gros, ce qui leur permet de pomper plus de sang et d’oxygène pendant l’effort physique. Cela leur confère un avantage dans les sports d’endurance, comme le cyclisme ou la course à pied.
Leur capacité pulmonaire ainsi que leur débit cardiaque est 30% plus élevée que celle des femmes.
Les hommes ont également 6% de globules rouges en plus grâce à la testostérone stimule l’hématopoïèse, donc un meilleur transport de l’02.
Les femmes, bien qu’elles aient une capacité cardiovasculaire légèrement inférieure en moyenne, peuvent compenser par une gestion plus efficace de l’effort à long terme (un départ moins rapide et un effort plus constant) : certaines athlètes féminines montrent d’excellentes performances dans des compétitions de longue durée (au-delà de 100km de course à pied), comme Courtney Dauwalter qui a remporté le Moab 240 en 2017 avec 10h d’avance sur le premier homme.
- L’influence des facteurs sociaux et culturels :
Les différences de performance dans le sport ne sont pas uniquement dictées par des facteurs biologiques. L’accès aux ressources, l’égalité des opportunités, les stéréotypes de genre et les normes sociales ont également une grande influence sur les performances féminines.
- Inégalités d’accès aux opportunités :
Pendant de nombreuses années, les femmes ont eu un accès limité aux sports de haut niveau.
« Le véritable héros olympique est, à mon sens, l’adulte mâle individuel. Les jeux olympiques doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs, comme dans l’Antiquité ». Cette citation de Pierre de Coubertin en dit long sur la place de la femme dans le sport à cette époque.
Les femmes seront finalement autorisées à participer aux JO en 1900, dans 5 disciplines seulement (tennis, golf, voile, croquet, équitation). Alice Milliat fera beaucoup par la suite pour la reconnaissance des femmes dans le sport.
Plus de 100 ans plus tard, les équipes féminines ne sont souvent pas financées de manière égale, et les compétitions féminines moins médiatisées que les compétitions masculines. (Diffusion à la télévision : 75% compétitions d’hommes contre 4,8% de femmes).
Cela a créé des déséquilibres en termes de développement des talents et de performances : moins de moyen, moins de temps (beaucoup d’athlète professionnelle doivent avoir un emploi autre pour subvenir à leurs besoins), moins de participantes, donc moins de niveau.
- Stéréotypes de genre et pression sociale :
Les stéréotypes de genre peuvent limiter la participation des femmes dans certains sports, notamment ceux considérés comme « masculins », comme le football, la boxe ou le rugby. Ces préjugés sociaux ont des répercussions sur l’engagement et l’investissement des femmes.
De plus, les femmes sont souvent confrontées à des attentes sociales plus strictes concernant leur apparence physique (« ne soit pas trop musclée ») et leur comportement (« reste gracieuse et féminine »), ce qui peut les empêcher de s’épanouir pleinement dans des disciplines compétitives.
En conclusion, bien que l’écart se resserre progressivement, les performances masculines seront toujours supérieures à celles de femmes dans une majorité de disciplines.
Mais est-ce là le plus important ? L’égalité serait plutôt à atteindre dans l’accès à la pratique sportive pour tous et toutes, dans le sport de haut niveau comme pour le grand public, particulièrement quand on connaît les bienfaits d’une pratique régulière en termes de santé publique (diminution des risques de nombreuses maladies, augmentation du bien-être, de l’autonomie chez les Seniors …).
A ce jour, 63% des hommes pratiquent une activité physique régulière contre 55% des femmes, 17% des sportives ont participé à une compétition dans l’année contre 52% des sportifs, et la pratique sportive est encore interdite pour les femmes dans certains pays …
Manon Marchis-Mouren, coach sportif et formatrice chez Prepa Sports.
Sources :
ROAR, Stacy Sims
Entraînez vous comme une femme, pas comme un homme, Emilie Rimbert
Travaux de l’INSEP « Empow’her », Juliana Antero et Carole MAITRE
Nombreuses études sur l’athlète féminine de Georgie Bruinvels
Femme et Sport Podcast, Barbara Vulpinari et Manon DAUVERGNE