Quelques rappels des référentiels nutritionnels

Quelques rappels des référentiels nutritionnels

Erratum : En début d’année, nous avons publié un article très approximatif sur l’alimentation pour le Crossfit. La science de la nutrition évolue très vite et parfois ce que l’on pensait des vérités s’avère, en fait, faux. Nous publions donc un rappel pour tous rédigé par nos experts…


Avoir une bonne alimentation… Comment comprendre cette phrase ? En tant qu’expert de la nutrition, il est évident que pour nous la réponse est assez claire. En revanche, si l’on interroge la population, qui en général, est plutôt néophyte, on remarque que c’est très flou.

 

État des lieux

À notre époque par le biais d’internet, l’information circule très vite. Son origine peut provenir de tous azimuts et souvent elle ne repose sur aucune base scientifique.

Autrefois, les personnes qui diffusaient une information étaient des professionnels de la communication, des journalistes, des professeurs, qui étaient connus et reconnus dans leur domaine.

Aujourd’hui, le monde de « l’hyper-connecté » véhicule pléthore d’informations parfois même contradictoires. Des rumeurs alimentaires aux régimes les plus farfelus, en passant par les scandales industriels, la population ne sait plus qui croire et quoi croire.

Bien heureusement des rapports d’expertises existent, mais bien que leur contenu soit vulgarisé, le cheminement pour les trouver nécessite l’utilisation d’un jargon particulier qui en fait des sources peu consultées.

 

Historique

Les premiers repères nutritionnels pour la population ont vu le jour en 2001. Cet ouvrage s’intitule « Apports nutritionnels conseillés » (ANC), et a été produit par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) qui elle, a été créée en 1999. Ces ANC ont été définis afin de couvrir l’ensemble des besoins physiologiques de la quasi-totalité de la population (97,5 %) en passant par un guide alimentaire appelé programme national nutrition santé (PNNS). Aujourd’hui, l’AFSSA est devenue l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES), et ses recommandations nutritionnelles ont subi plusieurs actualisations, dont la dernière date de décembre 2016.

Actuellement, le PNNS4 établi pour la période 2019-2023 rassemble non seulement des repères alimentaires, mais également des recommandations quant à l’activité physique, qui sont des déterminants majeurs de santé, le fameux « manger/bouger ».

Finalement, cette politique de santé publique est conduite afin d’amener la population à vieillir dans les meilleures conditions et en développant le minimum de maladie chronique non transmissible (diabète, cancer, cardiopathie…).

 

Références nutritionnelles pour la population (RNP)

Ces RNP ne représentent pas les besoins nutritionnels moyens (BNM) quotidiens, mais ils couvrent 130 % de ces besoins, cela signifie qu’on ajoute deux écarts types aux BNM, afin de satisfaire 97,5 % des besoins de la population.

Pour la population générale, en exemple ci-dessous les RNP concernant les macronutriments :

  • Protéines : 10 à 20 % de l’AET (apport énergétique total)
  • Lipides : 35 à 40 % de l’AET
  • Glucides : 40 à 55 % de l’AET

Ces recommandations sont adaptées à l’ensemble de la population française, hors besoins spécifiques liés à des situations particulières (grossesse, pathologie) ou à la pratique sportive relativement intense (à partir 4 à 5 h d’activité physique moyennement intense à intense par semaine). En dehors de ces situations, aucun consensus scientifique ne justifie l’intérêt d’apports nutritionnels autres que ces recommandations.

En ce qui concerne le sportif comme défini plus haut (> 4-5 h/semaine), les besoins seront spécifiques au type d’activité pratiqué et à l’objectif recherché (prise de masse musculaire par exemple).

De plus, ces besoins sont spécifiés non pas en pourcentage de l’AET, mais en grammes de macronutriment par kilogramme de poids corporel par jour (exemple : 1,5 g de protéines/kg de poids corporel/jour).

Par conséquent, d’une manière générale, on peut comparer les besoins nutritionnels en protéine de la population générale (0,83 g/kg/j) par rapport à ceux de la population sportive qui recense les sports d’endurance (1,2 g à 1,4 g/kg/j) et les sports de force (1,3 g à 1,5 g/kg/j).

Pour conclure, rappelons que nos recommandations françaises sont identiques à celles de l’American College of sports Medecine (ACSM) et de l’Academy of nutrition and dietetics[1], des diététiciens du Canada.

Soyez donc très prudent quant aux sources des informations que vous trouverez à la fois sur la toile et sur certaines revues.

[1] Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics [01 Mar 2016, 116(3):501528]. 2016/04.

Un article rédigé par :
Michel Martino & Thomas Ladrat

Michel Martino - Diététicien-nutritionniste à Annecy, responsable du groupe d’experts en nutrition du sportif de l’AFDN, DU nutrition du sportif et DU dopage. Thomas Ladrat - Diététicien-nutritionniste à Montpellier, licence STAPS entraînement sportif, DU nutrition du sportif et DU dopage, membre du groupe d’experts en nutrition du sportif de l’AFDN.