Réduire les facteurs favorisants les blessures

Réduire les facteurs favorisants les blessures

La blessure est souvent l’addition d’une série de facteurs individuels prédisposant avec des circonstances favorisantes.

Les premiers correspondent aux facteurs intrinsèques et les seconds extrinsèques. Nous évoquons dans cet article les facteurs intrinsèques liés aux caractéristiques propres du sportif.

Les blessures sportives sont souvent complexes et multifactorielles. De nombreux facteurs sont à prendre en considération pour diminuer les risques de blessure.  Qui plus est, l’accumulation de facteurs place le sportif en sursis et conduit tôt ou tard à une blessure. Il semble évident de dresser une liste de ses facteurs intrinsèques en lien avec le sportif lui/elle-même, c’est dans cette optique que les stratégies préventives prennent tout leur sens.

Les facteurs intrinsèques – Partie 1

Le sexe

D’un point de vue physique et physiologique, la distinction homme/ femme n’a rien de sexiste. Il existe de réelles différences. Chez la femme, par exemple, la laxité ligamentaire est plus importante. En période menstruelle, on constate une fragilité accrue. La force musculaire en régime excentrique est moindre, tout comme le tonus musculaire. On compte chez les femmes plus de ruptures de ligaments croisés que chez les hommes. Cela peut s’expliquer en partie par leurs structures fibreuses plus laxes du fait de leur axe mécanique plus valgisant. Néanmoins, ces différences sont à considérer à l’aune des exigences du sport de très haut niveau, dans lequel les femmes réduisent progressivement l’écart qui les sépare des performances masculines.

L’âge

Chez les humains, notre potentiel maximal de forme physique se situe entre 20 et 25 ans, et ce, pour les hommes comme pour les femmes. À partir de cette tranche d’âge, la forme physique décline généralement de 5 à 10 % par décennie pour les individus en bonne santé et sportif, elle peut monter jusqu’à 20% chez les sédentaires. En effet, en prenant de l’âge, nous assistons à une perte de masse musculaire, une diminution des capacités cardio-respiratoires et cognitives qui a forcément un impact sur le risque de blessure ; il est évident qu’il faut adapter ses volumes et ses intensités d’entraînements en fonction de son âge et surtout de ses moyens. Et comme le souligne le danseur étoile Germain Louvet : « le corps a une date de péremption » qu’il faut tenter de repousser en pratiquant une activité physique régulière, cohérente et intelligente, ce qui a le mérite, au moins, de retarder le processus de vieillissement.

Le poids et la masse grasse

Le poids et la masse graisseuse doivent être considéré pour optimiser les progrès aux entraînements et/ou en compétition pour le sportif tout en le préservant de blessures éventuelles. Il existe bien entendu des dangers inhérents aux sports (surtout en course à pied) liés à une surcharge pondérale. Cette surcharge joue sur le rapport poids/puissance, elle peut limiter la capacité d’endurance en course et provoquer des micro-traumatismes (types douleurs articulaires).

Les antécédents traumatiques (historique des blessures du sportif)

Cet historique est un élément de base à prendre automatiquement en considération au moment d’établir la liste des facteurs de risque intrinsèques d’un sportif. Comme une sorte d’actualisation, toute blessure apporte de nouvelles caractéristiques au corps. L’instabilité résiduelle après une entorse, une faiblesse musculaire résiduelle après une lésion musculaire ou une mobilité articulaire séquellaire après fracture ou luxation. Ces nouvelles caractéristiques que le sportif, même avec un programme de rééducation approprié (on comprend d’autant plus l’importance des phases de rééducation et de réathlétisation), peut ne jamais éliminer complètement, doivent être prises en compte dans l’orientation à donner aux programmes de rééquilibrage et d’entraînement. Une liste des exercices à prescrire et à proscrire doit être fournie dans ce cadre.

La technopathie

Certains gestes, certaines postures, dans le cadre de la pratique sportive ou dans celui plus spécifique de la préparation physique, peuvent s’avérer pathogènes. Soit parce qu’ils sont mal réalisés, soit, mais c’est plus rare, parce que le geste en lui-même, du fait de sa répétition, finit par user et blesser. Les erreurs et négligences répétitives au plan technique peuvent avoir des conséquences graves à long terme. Des gestes, de mauvaises attitudes ou des mouvements répétés en étant mal réalisés techniquement (mauvaise position du dos, placement inapproprié, mouvements saccadés ou incomplets etc.) mettent en danger l’intégrité physique du sportif en générant d’abord des microtraumatismes qui finiront par se transformer en traumatismes tout court. D’où la nécessité d’insister lourdement sur l’apprentissage technique des mouvements spécifiques au sport ou celui des mouvements intégrés à la préparation physique (ceux d’haltérophilie, par exemple) et sur l’accompagnement afin de corriger les éventuelles erreurs. En gardant à l’esprit qu’on use plus en faisant mal qu’en faisant trop.

Les troubles prophylactiques

Les troubles posturaux (pieds plats ou creux, enroulement des épaules…), les déséquilibres de force entre un muscle agoniste et son antagoniste, des asymétries (droite/gauche) ou des limitations en termes de souplesse musculaire sont autant d’éléments cruciaux à identifier et corriger (ou, au moins, atténuer). Si ces faiblesses, car dans le cadre d’une pratique intensive ce sont des faiblesses, ne sont pas identifiées, le corps va compenser comme il le pourra et provoquer inévitablement des mouvements inefficaces et causant quasi à coup sûr une baisse de performance ou une blessure si ce n’est pas les deux.

La condition physique 

Le niveau de condition physique est dans la grande majorité des pratiques sportives évalué en considérant l’endurance cardiovasculaire (capacité aérobie, support de l’exercice dans une majorité de disciplines) et musculaire du sportif. On sait qu’un sportif à court de condition physique ne sera pas capable de supporter l’exigence de sa pratique, il y a donc un décalage entre la charge et les capacités du sportif. Cette notion de charge versus la capacité du moment, qui peut expliquer une partie des mécanismes de lésion en musculo-squelettique.

Un état de fatigue transitoire

Généralement, la fatigue importante ressentie par un sportif a deux origines possibles : la maladie ou le surentraînement. Une mononucléose, par exemple, génère une fatigue intense et généralisée. C’est assez facile à constater. En revanche, un état grippal peut entrainer non seulement une baisse d’énergie pour la séance ou la compétition, il peut aussi favoriser des blessures d’ordre musculaires. Le surentraînement, lui, n’est pas toujours évident à déceler. Il est le fruit d’un entraînement excessif couplé à un manque de récupération. On s’en rend souvent compte, malheureusement, une fois qu’il est trop tard. Or le surentraînement est un état pathologique inducteur de contre-performance et/ou de blessure. Il est souvent le résultat d’une programmation inadaptée

L’hygiène de vie (dont la récupération)       

L’hygiène de vie et tout ce qui gravite autour de l’entraînement doit faire l’objet d’une attention particulière. Un sportif de haut niveau, par exemple, passe en moyenne 4 heures par jour à s’entraîner, ce qui représente moins de 20% de son quotidien.  C’est la partie visible de l’iceberg pendant laquelle il est accompagné. La partie immergée, qui représente donc plus de 80% de son temps, est pourtant tout aussi importante. Elle comprend bien évidemment la récupération qui est nécessaire pas seulement à Haut-niveau mais aussi pour le sportif en loisirs qui doit conjuguer les entraînements, son activité professionnelle  et sa vie privée. Au niveau de la récupération, bien évidemment le 1er élément à considérer est ; le sommeil (la nuit et, éventuellement, la sieste) et le 2nd élément repose sur la qualité des apports nutritionnels (alimentation et hydratation). Ces deux éléments représentent 90% d’une bonne récupération, c’est-à-dire d’une récupération efficace. Les autres 10% concernent les outils aidant à mieux récupérer (bain froid, bas de contention, massages, etc.), mais il s’agit là de compléments. L’impact de cet entraînement invisible est bien réel. Une prise de conscience de chaque sportif est incontournable pour être en bonne santé, préserver son intégrité physique et atteindre ses objectifs sportifs.

Vous l’avez compris l’implication du sportif est la base du développement de ses propres qualités, sa compréhension et son appropriation des principes de préventions (au sens large) sont déterminantes pour qu’en fonction de l’objectif visé (rechercher une performance en compétition, maintenir un niveau de forme et/ou retarder au maximum le processus de vieillissement) puisse être atteint.

Un article rédigé par :
Benjamin Del Moral

Formation STAPS, 2 diplômes universitaires spécialisés, rugbyman semi-professionnel à l’ASM Clermont Auvergne puis au Paris université lub (PUC), préparateur physique/entraîneur au PUC, staff du Stade français Paris, préparateur physique au LOU rugby.