Une perte de compétence chez les coachs !?

Une perte de compétence chez les coachs !?

Dans un contexte de développement et de démocratisation de la remise en forme, ce marché en pleine évolution se diversifie, entraînant une fragmentation des différents codes qui structurent notre secteur. Que ce soit dans le domaine de la formation des coachs ou dans l’analyse et le positionnement du marché.

Nous constatons ainsi une tendance préoccupante dans l’environnement professionnel des coachs sportifs. En effet, une baisse notable des compétences techniques et scientifiques est observable dans les salles. Elle se traduit par des comportements de reproduction de schémas d’entraînement et de programmes sans compréhension réelle : un grand nombre se limite à « imiter les mouvements » ou « reproduire les concepts » sans chercher à réellement comprendre les principes fondamentaux de l’entraînement. Cette approche mécanique et superficielle limite leur capacité à s’adapter aux besoins spécifiques de leurs clients et à progresser dans leur métier.

Manque de fondements scientifiques

Les bases scientifiques, liées aux connaissances en anatomie fonctionnelle, en biomécanique ainsi qu’en physiologie de l’exercice, nécessaires à un coaching de qualité, sont souvent négligées. Cela conduit à des séances d’entraînement peu efficaces, aléatoire, voire risquées pour les pratiquants. À cela s’ajoute le savoir-être : la posture du coach dans une prise en charge individualisée dépend avant tout de sa personnalité, de l’engagement qu’il manifeste envers son métier et de l’attention qu’il accorde à ses clients.

Pour rappel, le métier de Personal Trainer (« coaching ») repose sur le suivi individualisé et longitudinal du client, avec une programmation adaptée et progressive, afin d’atteindre des résultats mesurables.

De nos jours, cet aspect fondamental semble ne plus être une priorité. Il apparaît que l’orientation de notre métier est influencée par un contexte où le coach se rêve en star des réseaux sociaux.

Ce comportement, bien qu’ancré dans notre époque, reflète un désir omniprésent d’être sous les projecteurs, souvent sans compétences particulières.

Le manque de compétences peut influencer le manque de confiance, avec le risque constaté de ne pas oser proposer une tarification adaptée pour une séance de coaching.

Durant la période de pandémie de Covid-19, ce type de fonctionnement s’est régulièrement manifesté, avec, dans certains cas, des séances de coaching proposées à seulement 20 euros, tarif encore pratiqué par certains protagonistes. Il est évident que ce genre de tarification ne favorise pas notre métier. Cette dévalorisation engendre une forme d’auto-ubérisation, dont les seuls responsables, dans ce cas, sont les coachs eux-mêmes.

Finalement, procéder de cette manière correspond complètement au fonctionnement de certains clubs de remise en forme qui utilisent le levier du prix pour attirer des prospects.

Dans ce contexte, sans vouloir généraliser, certaines questions méritent d’être posées au sujet de la multiplication des écoles de formation dans le sport, et plus particulièrement dans le domaine de la remise en forme en France.

Que voulons-nous pour notre secteur d’activité ?

Force est de constater que la situation des formations diplômantes n’est pas aussi claire qu’elle pourrait l’être. La prolifération des formations et des qualifications professionnelles contribue à brouiller l’identité de notre métier. Cette confusion, et donc le manque de lisibilité de notre secteur, est exacerbée par la concurrence entre les différents acteurs de la formation, chacun cherchant à imposer une offre perçue comme légitime et adaptée au domaine de la remise en forme. Bien que cette expansion puisse être vue comme un signe encourageant, elle s’accompagne malheureusement d’une baisse préoccupante du niveau d’enseignement dans des domaines clés, comme évoqué précédemment dans les prolégomènes.

Les sciences de la vie, l’anatomie et l’anatomie fonctionnelle

La compréhension des structures du corps humain et de leurs interactions est souvent superficielle.

Concernant la physiologie et ses mécanismes : ces sciences essentielles à la compréhension du fonctionnement du corps humain sont enseignées de manière trop simplifiée ou trop succincte et, dans certains cas, elles ne sont même pas enseignées. L’une des principales difficultés réside dans la capacité à recruter des formateurs et formatrices de qualité. Lorsque ces personnes viennent de terminer leur cursus de formation et se retrouvent propulsées dans des postes d’enseignement, il est fréquent qu’elles soient amenées à dispenser des cours concernant des matières pour lesquelles elles ne sont pas pleinement qualifiées (improvisation d’enseignement d’un cours d’haltérophilie) ou l’enseignement de cours de renforcement musculaire avec du matériel, qu’elles n’ont pas eu l’opportunité d’expérimenter, exemple : l’utilisation d’outils tels que le TRX, les kettlebells, etc. De plus, le manque de recul sur les méthodes et les outils pédagogiques complexifie encore la tâche, rendant difficile l’assurance d’une transmission de qualité.

Cette pénurie de formateurs induit également la nécessité de dispenser des matières pour lesquelles ils ne sont pas nécessairement qualifiés. « Nous l’observons notamment lors des jurys de fin de cycle, où certains membres, non spécialistes de la matière, formulent des appréciations sur les prestations des stagiaires avec un manque de recul émotionnel. La diplomation ou la validation d’un stagiaire ne devrait pas reposer sur l’appréciation subjective d’un membre du jury. »

En ce qui concerne les niveaux d’exigence en matière de pratique physique attendus des stagiaires, il semble clairement établi que cela ne constitue pas un préalable dans certaines écoles de formation. Le « savoir-faire faire » semble parfois être une réponse pour se dispenser de l’entraînement. Cependant, il est souvent oublié que le « savoir-faire », constitue un prérequis essentiel à la compréhension et à l’appréciation des exercices et des programmes d’entraînement que nous allons proposer aux clients et aux adhérents.

Le nivellement par le bas de l’ensemble de ces contenus affaiblit encore le secteur.

Il semble que l’exigence d’un certain niveau de pratique sportive soit perçue comme une contrainte. C’est surprenant pour des candidats qui ont choisi des filières sportives « par passion ». Demander un niveau de pratique en renforcement musculaire ou en cardio-training devrait être un objectif réalisable.

Être inscrit dans une formation spécifique aux métiers de la forme et rencontrer des difficultés à réaliser trois tractions, trois pompes, ou à atteindre une VMA de 12 km/h soulève des interrogations sur le niveau d’engagement des candidats qui aspirent à devenir coachs et à transmettre leurs compétences ainsi que leur « passion », comme ils le mentionnent souvent. Quant à l’engagement physique, il n’est pas nécessaire d’être un athlète de haut niveau, mais, si vous souhaitez motiver vos clients et leur prodiguer des conseils, il serait essentiel de commencer par l’appliquer à vous-même.

Communication et réseaux sociaux

La communication digitale permet une certaine visibilité, voire une notoriété, sur les réseaux sociaux, qui représentent, entre autres, un outil de visualisation ou de présentation auprès des futurs clients via une identité numérique. Les réseaux de communication peuvent jouer un rôle important dans le développement de votre activité professionnelle et contribuer à vous faire connaître. Nos clients peuvent apprécier de nous voir sur leur petit écran, dans le but d’obtenir un aperçu des exercices proposés, lors de présentations spécifiques d’outils ou de méthodes d’entraînement. Cependant, l’étalage d’informations personnelles ainsi que le partage d’informations non contrôlées peuvent être contre-productifs et produire l’effet inverse de ce qui est recherché.

Un autre aspect problématique réside dans la publicité mensongère visant à attirer la clientèle. Par exemple, certaines personnes se présentent comme des spécialistes en nutrition ou en préparation physique sans disposer des qualifications requises, n’ayant ni diplômes ni formations de référence indispensables à l’exercice de nos professions. Cela engendre une confusion chez les consommateurs.

Par ailleurs, la création de contenu est définie comme une pratique qui consiste à concevoir un média permettant de partager des analyses personnelles, une expertise, une vision ou des compétences spécifiques au domaine abordé. Or, de nos jours, certains créateurs de contenu sont spécialisés en marketing et en communication, mais ne possèdent aucune véritable expertise ou compétence dans le domaine du coaching sportif individualisé.

Ainsi, nous rencontrons parfois des experts autoproclamés qui partagent des informations peu fiables ou lancent des débats inutiles. Avec des connaissances solides, ces sujets n’auraient même pas lieu d’être. « Faire du cardio-training est-il mieux que de faire de la musculation, ou l’inverse ? » Voilà le type de débat qui anime les discussions sur les réseaux par certaines personnes « autoproclamées coachs ». Par définition, sans avoir le client en face de nous et sans avoir réalisé a minima un bilan, il est difficile de déterminer ses objectifs, ses envies et ses besoins. Les réseaux sociaux favorisent la communication. Ils sont des outils, ni bons ni mauvais : tout dépend de la manière dont nous choisissons de les utiliser.

« Les coachs et les préparateurs physiques sont des techniciens de l’ombre. »

Un article rédigé par :
Pierre-Jacques Datcharry

Directeur de publication. Professionnel du secteur depuis plus de 20 ans.