Le RED-S (Relative Energy Deficiency in Sport, ou « Déficit Énergétique Relatif dans le Sport ») est un état où l’apport énergétique d’un athlète (les calories qu’il consomme) est insuffisant par rapport à ses besoins corporels, surtout lorsqu’il combine une activité physique intense. Cela signifie que l’énergie disponible pour le corps après avoir utilisé celle pour l’exercice n’est pas suffisante pour répondre à toutes les autres fonctions physiologiques du corps.
Anciennement appelé « Triade de la Sportive » (voir l’illustration ci-dessous), le RED-S ouvre le diagnostic (plus complexe qu’un arrêt du cycle menstruel) et le public, car il peut également toucher des athlètes masculins.
Symptômes/conséquences :
- Perturbations hormonales : Sans un apport énergétique suffisant, l’organisme va réduire sa production d’œstrogène, de progestérone et de testostérone. C’est de cette réduction que vont découler les problématiques si dessous.
- Perturbations du cycle menstruel : Le premier stade est une insuffisance lutéale (phase lutéale de durée < 10 jours), pourra suivre une anovulation, et/ou une oligoménorrhée (durée des cycles > 35 jours). L’aménorrhée est considérée comme le dernier stade des perturbations du cycle (disparition des règles depuis plus de 3 mois).
- Fatigue persistante
- Perte de poids inexpliquée
- Risque de blessure x6 pour les femmes en aménorrhée
- Baisse de la libido
- Troubles de l’humeur
- Système immunitaire affaibli
- Densité osseuse réduite (ce qui pourra engendrer des fractures de fatigue)
- Envie fréquente d’uriner à cause d’une diminution de la taille de la vessie
- Risque cardiaque
- Peau sèche, chute de cheveux
Cette pathologie touche 52 % des sportives (!) contre 5 % des non-sportives.
La fréquence de l’aménorrhée est plus élevée dans les sports d’endurance (30,9 %), dans les sports dits « esthétiques » (patinage artistique, gymnastique ; 34,5 %) et dans les sports à catégorie de poids (23,5 %). Chose intéressante, le risque d’aménorrhée serait augmenté par le nombre d’entraînement plutôt que l’intensité.
Ce qui est compliqué dans ce diagnostic, c’est qu’il n’est pas toujours lié à un faible taux de masse grasse : On peut avoir des troubles du cycle même à 25/30% de MG si l’apport énergétique n’est pas suffisant. Et on peut ne pas en souffrir avec un volume d’entraînement très important (jusqu’à 17 h par semaine) si le bilan énergétique est équilibré.
Autre difficulté dans le diagnostic : le REDs ne se répercute pas forcément sur les performances, du moins dans un premier temps. En effet, pour notre « survie », l’organisme va toujours privilégier la locomotion (pour fuir l’envahisseur et chasser le gibier) par rapport à d’autres fonctions vitales comme la reproduction, le renouvellement osseux …
A vous, coachs et préparateurs physiques, d’être vigilants et d’aborder sans tabou la thématique du cycle menstruel avec vos athlètes féminines.
Les facteurs nutritionnels sont déterminants. En cause :
- un déficit nutritionnel global par rapport aux dépenses énergétiques: Il ne faudrait pas descendre sous la barre des 30 kcal/kg de masse maigre par jour + dépenses liées à l’activité physique.
- ainsi qu’un déficit qualitatif en apports lipidiques : Les lipides ne doivent pas représenter moins de 12 à 15 % de la ration alimentaire.
Les taux de leptine seraient également impliqués (hormone de la satiété, produite par les adipocytes). Quand ils sont trop bas, cela signale au cerveau et aux ovaires, que l’organisme a des réserves énergétiques trop faibles.
Conseils pour le coach et l’athlète :
- Explications de la physiopathologie et des conséquences à la sportive: ce point-là est aussi important que complexe, parce que le REDs est parfois associé à des troubles du comportement alimentaire. Dans ce cas-là, ne pas hésiter à orienter votre athlète vers un professionnel de santé (diététicien et/ou psychiatre).
- Combler le déficit énergétique, puis augmenter l’apport calorique (surplus 20 %)
- Augmenter les apports lipidique (1,5 à 2g / kgPC)
- Bonne diversité en micronutriments (limiter les fibres alimentaires)
- Éviter les trop longues périodes de jeune (pour maintenir des taux de leptine élevés)
- À l’effort : intégrer boisson de l’effort et collations
Votre rôle en tant que coach/préparateur physique est donc dans un premier temps d’observer vos athlètes : leur alimentation est-elle suffisante pour soutenir leur activité physique ? Souffrent-elles d’un ou plusieurs symptômes énumérés plus haut ?
Dans un second temps de les informer de l’existence de ce trouble qui touche une sportive sur deux. Beaucoup de femmes sous estiment les conséquences de perturbations du cycle menstruel.
Enfin de les orienter vers des professionnels de santé qui sauront les accompagner : gynécologue, endocrinologue, diététicien, psychiatre éventuellement.
Manon Marchis-Mouren, coach sportif et formatrice chez Prepa Sports.